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En 1988, après 7 ans de bons et loyaux services, la série Voyager est toujours d'actualité sur le plan des possibilités. Mais ses deux gros défauts se ressentent de plus en plus :
Significativement, les HP-41, qui ne présentent pas ces points faibles, leur survivront un an.

La série Pioneer arrive avec d'énormes ambitions : reprendre le flambeau des deux séries précédentes, en retenant le meilleur et en corrigeant les lacunes. Elle comportera des modèles très intéressants.

Mais pour les fidèles de la marque, c'est aussi le commencement de la fin, avec l'apparition -- ô, sacrilège ! -- de modèles utilisant la notation algébrique...

Un dessin néo-classique

Les Pioneer reviennent à une disposition verticale classique. Le boîtier est presque aussi léger et fin (surtout dans sa partie inférieure) que sur les Voyager.


La conception s'oppose radicalement à tout démontage : le boîtier est maintenu par des plots de plastique dont la tête fondue forme rivet. L'ouverture est donc forcément plus ou moins destructrice...

Ce boîtier est en revanche d'une solidité irréprochable. En toute franchise, casser une Pioneer est pratiquement impossible [1]. Par contre, c'est bien regrettable, aucun aide-mémoire n'est présent au dos du boîtier, où la place était pourtant amplement suffisante.

L'alimentation est toujours confiée à trois piles boutons LR44 en série. Elles confèrent aux Pioneer une excellente autonomie, comparable à celle des Voyager, ce qui n'est pas un mince compliment.

Le clavier comporte 37 touches -- c'est beaucoup ! -- de trois tailles différentes. Elles présentent une forme toute nouvelle. Très plates et arrondies en partie supérieure, elles abandonnent le pan coupé des générations précédentes.


Elles ne peuvent donc porter qu'un seul nom de fonction : difficile d'y voir un progrès. La place sur le clavier est donc a priori un problème sur les Pioneer et il est intéressant de voir de quelles manières HP l'a résolu.

Étant donné leur finesse, leur course est très brève, et leur fonctionnement quasiment inaudible. Heureusement, elles sont toujours "pivotantes", bien maintenues par une charnière en partie inférieure. Elles présentent ainsi un déclic franc qui assure un retour tactile correct [2]. Le boîtier présente un rebord sur son pourtour, mais il est trop plat pour protéger l'ensemble des touches. Heureusement la touche ON, surbaissée, est à l'abri d'une pression accidentelle.

C'est une bonne chose, car l'étui est aussi succinct que sur les Voyager (une simple pochette plastique pour certains modèles).


On remarque que la nomenclature de certaines touches délaisse les abréviations quelques peu hermétiques propres à HP pour une désignation plus familière : CHS (CHange Sign) devient +/- ; EEX (Enter EXponent) se réduit à E ; MANT (MANTissa, affichage de tous les chiffres) devient SHOW.

L'écran n'est pas le même pour toute la gamme. Toujours LCD, il sera décliné en trois versions principales :
  • numérique 7 segments (voisin de celui des Voyager) ;



  • matriciel 1 ligne de caractères 5×7 (qui verront leur taille initiale agrandie) ;



  • matriciel 132×16 pour 2 lignes de caractères.


Tous sont capables d'afficher 12 chiffres, et disposent d'un contraste réglable. Ce qui pourrait sembler un progrès traduit en fait le niveau de contraste insuffisant des écrans matriciels. Le choix du séparateur décimal est très facile. L'affichage par défaut garde la notation FIX 4 sur les premiers modèles ; les plus récents afficheront tous les chiffres (ALL).

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Une technologie nouvelle

Les Pioneer bénéficient du nouveau processeur Saturn, qui va équiper désormais les calculateurs HP. Initialement destiné à la série Voyager, il n'avait pas été prêt à temps. C'est le micro-ordinateur BASIC HP-71B qui avait eu l'honneur de l'inaugurer.


Il calcule avec une vitesse d'horloge de 1 MHz (640 KHz seulement sur les bas de gamme). Cela fait la différence, et les Pioneer calculent effectivement beaucoup plus vite que leurs prédécesseurs, y compris les HP-41C.

Ses registres internes font 64 bits, mais les nombres sont stockés en DCB sur un quartet (1/2-octet), ce qui donne théoriquement 12 chiffres (plus le signe) pour la mantisse et 2 chiffres (plus le signe) pour l'exposant. Mais le codage du signe de ce dernier étant fusionné avec l'exposant lui-même, on atteint les puissances de 10 jusqu'à ±499 : une capacité de calcul inconnue jusque-là.

Ces performances se doublent d'une richesse fonctionnelle nouvelle sur les modèles de base. Toute la gamme scientifique a droit aux fonctions statistiques à 1 ou 2 variables, aux fonctions hyperboliques, à la résolution numérique d'équations... Le rapport possibilités/prix des modèles de base (à partir de $60) les rend particulièrement attrayants.

Pour loger toutes ces fonctions sans trop encombrer le clavier, les Pioneer font appel à un système de menus. Les choix correspondent aux 6 touches de la ligne supérieure du clavier. Selon les modèles, ces touches possèdent ou non d'autres fonctions. Sur les machines dotées d'un écran à deux lignes, les menus utilisent la ligne inférieure. Sur les écrans d'une ligne, les menus n'apparaissent qu'au moment de leur sélection, et des indicateurs (flèches) désignent les touches correspondantes [photo].

La capacité mémoire s'étend de 99 lignes de programme sur les modèles de base (HP-20S) à... 7200 sur les hauts de gamme. C'est considérable, même si certaines instructions (non fusionnées) utilisent plus d'une ligne.

Les modèles haut de gamme disposent d'un haut-parleur piézo. (comme sur le HP-41C) qui peut signaler les erreurs, mais aussi être exploité par les programmes pour émettre des messages sonores.

Ils sont aussi équipés, sous la trappe des piles (qui est translucide), d'une diode infrarouge.


Elle permet la communication avec l'imprimante HP 82240A [3].

Les Pioneer reprennent et étendent les auto-tests poussés des Voyager, en les agrémentant de messages sonores ou textuels sur les modèles qui le permettent [4].

Et enfin, une caractéristique beaucoup plus controversée : certains modèles délaissent la notation RPN au profit de la logique algébrique. D'autres laissent le choix à l'utilisateur. Ce qui nous vaut l'apparition du labell "RPN" sur le cadran des modèles scientifiques concernés.

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Une gamme très variée

Difficile de trouver une logique dans la numérotation de la gamme Pioneer. Les nombres les plus élevés ont tendance à  correspondre aux modèles haut de gamme. Le suffixe "C" n'est plus de mise, tous les modèles disposant de la mémoire permanente. La gamme est donc divisée en scientifiques ("S") et financières ("B").

En outre, certains modèles ont connu différentes versions, d'où parfois un suffixe II qui recouvre aussi bien des modifications mineures qu'un changement en profondeur.

Dans son ensemble, la gamme a fait preuve d'une longévité étonnante, puisque les Pioneer ont été fabriqués de 1988 à 2003 (mais bien sûr, aucun modèle n'a été produit durant toute cette période).

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Le HP-17B(II)

Le HP-17B apparaît en 1988. C'est un calculateur algébrique ! Mais dès 1990, il est remplacé par le HP-17BII qui lui est identique, hormis le choix laissé à l'utilisateur entre les modes algébrique et RPN.


Louable intention, dont le défaut est de bousculer quelque peu les conventions de dénomination des touches (INPUT au lieu de ENTER↑ -- pour rassurer l'utilisateur moyen ?) La notation RPN est repoussée dans une annexe en fin de mode d'emploi.

La présentation très "léchée" du HP-17B(II), son clavier très sobre sont des clins d'œil évidents au HP-12C. Il s'inscrit indubitablement en haut de la gamme Pioneer. La mémoire offre 6700 octets et 10 registres, et l'afficheur est le modèle matriciel à deux lignes. Cette capacité confortable est mise à profit, notamment, pour offrir le choix de la langue de l'interface (parmi 6 possibilités).


Mais le HP-17B(II) cache une réelle puissance dans son système de menus, qui occupent constamment la ligne inférieure. Les 6 touches supérieures sont dédiées à la sélection des menus, à l'exclusion de toute autre fonction. Avantage des menus : il n'est plus nécessaire de se rappeler le nom de la fonction. Inconvénient : il faut se souvenir de sa place dans l'arborescence des menus ! Les noms choisis ne sont pas toujours explicites [5]...


Du point de vue fonctionnel, le HP-17B(II) est très bien pourvu. Il embarque évidemment l'assortiment complet des fonctions financières : les mêmes que sur le HP-12C, irréprochable sur ce point. Le HP-17B(II) prend même en compte les intérêts à composition continue (notamment, dans les conversions de taux). Aux calculs de dates, le HP-17B(II) ajoute un véritable calendrier (et horloge) permettant la mise en place d'alarmes (qui peuvent afficher des messages).

Les fonctions mathématiques se cachent dans le menu MATH ; elles peuvent en remontrer à bien des modèles scientifiques. Par exemple, l'ajustement statistique offre le choix entre 4 modèles (log, exp et puissance en sus de linéaire).

La "programmation" du HP-17B(II) s'effectue par le biais d'équations. Celles-ci sont mises en mémoire (sous forme algébrique) en donnant des noms aux différentes variables. Lorsque l'équation est exécutée, ces variables apparaissent sur la ligne de menus. On peut alors calculer l'une d'entre elles après avoir spécifié les valeurs des autres. Le système est simple et efficace mais plus limité qu'une véritable programmation. Par exemple, si les équations peuvent contenir des tests, les structures itératives leur sont interdites. En revanche, elles peuvent faire appel à toutes les fonctions disponibles sur le calculateur.

Machine ambitieuse, le HP-17B(II) a connu une belle carrière, mais sans faire oublier le HP-12C. Ses clients potentiels ont-ils été effrayés par des possibilités trop étendues ? Étaient-ils traditionnellement attachés à leur fidèle HP-12C ? Les deux modèles ont cohabité jusqu'en 2003, où le HP-17BII a été remplacé par le HP-17BII+, une machine totalement nouvelle n'ayant plus rien à voir avec la série Pioneer.

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Le HP-42S

Le fleuron de la gamme Pioneer arrive en 1988 avec pour mission de reprendre le flambeau des HP-41C, rien de moins.


Il est conçu pour être compatible avec les programmes de ce dernier [6]. C'est tout l'objet du chapitre 11 du mode d'emploi. Le clavier est censé rappeler celui du HP-41C, avec une seule touche shift et une première ligne de fonctions pratiquement identique.

Le vaisseau amiral de la série Pioneer est l'objet de toutes les attentions du constructeur. Comme le HP-17B(II), il utilise l'affichage matriciel à 2 lignes. Mais ici, la ligne du bas n'est pas constamment occupée par un menu. En l'absence de ce dernier, l'affichage montre les deux premiers registres de pile X et Y, dûment étiquetés : très pratique ! Le parcours des programmes est aussi grandement facilité par l'affichage simultané de 2 lignes.

La mémoire est tout aussi importante avec 7200 lignes de programme ou 895 (!) registres. Le HP-42S dispose des mêmes possibilités sonores que son alter ego financier, et peut communiquer avec l'imprimante infrarouge.

Le clavier n'est pas totalement redéfinissable comme celui du HP-41C. Seule les touches de première rangée sont personnalisable par le biais d'un menu spécial (CUSTOM).

Le HP-42S embarque plus de 600 (!) fonctions. C'est beaucoup plus qu'un HP-41C de base. En plus du catalogue, les menus sont indispensables pour organiser cet arsenal. Mais ils sont tellement nombreux (pas moins de 15 !) que d'importantes fonctions (notamment de programmation) sont reléguées dans des menus. À l'évidence, on frôle ici la limite de ce qu'on peut introduire dans une machine si l'interface veut rester raisonnable.

Mais l'utilisateur en a pour son argent :
  • résolution d'équations et intégration numériques ;
  • calculs matriciels, où la mémoire importante du HP-42S fait merveille ;
  • calculs sur les complexes (dont l'affichage, sinon l'introduction, est très clair, et qui peuvent être incorporés dans les matrices) ;
  • calculs dans les principales bases, avec conversions ;
  • graphismes ! Le HP-42S permet d'adresser chacun des points de son affichage 132×16... Il y a là de quoi tracer une courbe, mais c'est à l'utilisateur d'introduire le programme nécessaire (il figure au mode d'emploi).
On conçoit que le HP-42S ait ses supporters, qui ne jurent que par lui. Par rapport au HP-41, il est également plus léger, plus compact, plus rapide et moins cher. Mais il a une lacune de taille : il n'est pas extensible. La seule façon d'y introduire un programme, c'est de le taper ! Pas question non plus de le sauvegarder... Ces limitations incitent plutôt à comparer le HP-42S au HP-15C.

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Le HP-20S

En 1989 apparaît un autre "renégat" de la gamme : le HP-20S, un calculateur algébrique !


De fait, le clavier comporte des parenthèses. Mais HP a réussi à maintenir une partie des avantages de la pile RPN. On trouve ainsi des fonctions SWAP (qui échange les arguments d'une opération : pratique pour − et ÷) et LAST, qui rappelle le dernier argument. Pour une machine algébrique, le HP-20S est plutôt sympathique à utiliser.

Son clavier est d'ailleurs bien rempli, avec deux touches "shift" et donc trois fonctions par touches [7].

Le HP-20S avoue son statut "bas de gamme" par son écran numérique : un anachronisme dans la gamme Pioneer. Sa finition est aussi moins flatteuse que sur les modèles supérieurs (le logo HP est peint et non gravé). Mais sa dotation en fonctions est impressionnante, surtout pour son prix :
  • toutes les fonctions statistiques et mathématiques (y compris hyperboliques) ! ;
  • conversions polaires rectangulaires, et de nombreuses conversions d'unités ;
  • calculs en bases 2/8/10/16 et conversions ;
  • 99 lignes de programmes et 10 registres.
En outre, la fonction LOAD permet de charger en mémoire -- et donc d'examiner à loisir -- l'un des 6 programmes préinstallés en ROM :
  • résolution numérique d'équations ;
  • intégration numérique ;
  • calculs sur les complexes ;
  • calculs matriciels (3×3) [8] ;
  • équations quadratiques ;
  • ajustement statistique (pas seulement linéaire).
On demanderait difficilement plus à un modèle "de base". Le HP-20S aurait mérité la notation RPN !

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Le HP-32SII

En 1991, le HP-32SII est le dernier né de la série Pioneer.


Il succède au HP-32S, mais renonce à la sobriété du clavier.

le clavier sobre du HP-17BII et celui du HP-32SII, plus confus

Comme le HP-20S, le HP-32SII dispose de 2 touches "shift", donc 3 fonctions par touche. À cela s'ajoutent des lettres, activées seulement dans certaines conditions (STO/RCL, LBL -- les variables et les labels sont étiquetés alphabétiquement).

En fait, les fonctions sont tellement nombreuses que cela ne suffit pas : certains libellés sont en fait des menus [9].

On peut voir le HP-32SII comme un super-HP-20S... avec la logique RPN ! Ses caractéristiques globales incitent en fait à le comparer -- sacrilège -- au HP-15C. De celui-ci, il reprend
  • le SOLVER (résolution numérique d'équations) ;
  • l'intégration numérique ;
  • la fonction Γ ;
  • le mode complexes (toutefois, la réalisation est ici moins convaincante : la "pile complexe" est limitée à deux niveaux, confinant le HP-32SII aux opérations très élémentaires).
Le HP-32SII concède à son illustre aîné les lacunes suivantes :
  • une capacité mémoire légèrement inférieure (384 lignes de programme) ;
  • l'absence des opérations matricielles.
Il offre en revanche plusieurs avantages significatifs :
  • la rapidité du processeur Saturn [10], et la capacité numérique étendue ;
  • un affichage alphanumérique des messages et (surtout !) des instructions de programmes ;
  • un mode équations, semblable à celui du HP-17B(II) ;
  • des calculs en bases 2, 8 et 16 plutôt clairs et pratiques ;
  • un mode d'affichage des fractions efficace et puissant (une première).
Assez bon marché, le HP-32SII représente un des meilleurs compromis prix/performances/efficacité jamais proposés par HP.

C'est également à ce jour, hélas ! la dernière machine 100% RPN produite par le constructeur...

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Notes

[1]  du moins, lorsqu'on l'utilise en tant que calculatrice...

[2]  Rien à voir avec de nombreux modèles concurrents, dont les touches "molles" obligent à regarder l'écran pour savoir si la pression a été prise en compte.

[3]  Notons que cette communication IR est unidirectionnelle, donc nécessairement lente, le calculateur devant "attendre" pour laisser à l'imprimante le temps de recevoir les données et de les imprimer.

[4]  Typiquement, le test se termine par l'affichage de "OK" accompagnant le nom de la machine :


[5]  F.CST et F.VAR pour les problèmes à flux financiers constants ou variables...

[6]  Même les indicateurs binaires système gardent une signification inchangée.

[7]  Le E (pour introduire les exposants de 10) passe même en fonction secondaire.

[8]  La taille relativement modeste de la mémoire ne permet pas mieux.

[9]  On les reconnaît -- avec quelque difficulté -- à leur fond plus sombre : ici, MODES, DISP et CLEAR ouvrent des menus

[10]  Le HP-32SII est une des machines HP les plus véloces, dépassant même le HP-42S.

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