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Calculateur ou calculatrice ? La différence n'existe pas en anglais ("calculator"). Mais les modes d'emploi HP en français sont très clairs : HP a fabriqué des calculateurs.

Quoi qu'il en soit, le terme a été choisi à l'origine de préférence à "ordinateur" (computer) afin de ne pas faire fuir les acheteurs éventuels...

Le HP 9100 (1968)

En 1968, HP mit sur le marché la première machine à calculer qui...
  • n'était pas un ordinateur, donc (beaucoup plus petit, tout en étant loin d'un modèle "de poche" [1]) ;
  • fonctionnait de manière purement électronique [2] (par opposition aux énormes machines à calculer électromécaniques en usage à l'époque).


La technologie était merveilleusement ingénieuse. Nous l'avons brièvement décrite sur cette page (complétée pour l'occasion), aussi n'y reviendrons-nous pas. Rappelons simplement que le HP 9100 n'utilisait aucun circuit électronique intégré -- il n'y en avait pas encore. C'est donc entièrement en logique câblée qu'étaient réalisées les fonctions de calcul et d'affichage. Cette technologie avait été "rodée" sur le HP 2100. Mais elle se trouvait ici, pour la première fois, rassemblée dans un boîtier raisonnablement compact et utilisable de manière autonome.

Presque toutes les caractéristiques du HP 9100 étaient des premières mondiales sur une machine "compacte". On l'aura compris, elles faisaient du HP 9100 un appareil très en avance sur son époque.

Le HP 35 (1972)

Quatre ans plus tard, la technologie des semiconducteurs à oxyde métallique (MOS) était apparue, et rendait possible une calculatrice "de poche". Les premières (de peu -- 1971) à apparaître sur le marché étaient de basiques modèles "4 opérations".

B. Hewlett voulait tout autre chose. Une étude de marché ne laissait pas espérer plus de 50 000 ventes pour un calculateur scientifique de poche. Passant outre, B. Hewlett entreprit le développement d'un prototype. La taille était calculée d'après la poche de chemise de B. Hewlett ; l'écartement des touches devait convenir aux grosses mains de D. Packard. Au-delà des possibilités de calcul, c'est par son ergonomie et sa robustesse que le HP 35 se distinguait.

La machine apparut sur le marché en 1972 au prix de $395 [3]. Le succès fut immédiat. Dès les premiers mois, les espérances de ventes (totales) furent dépassées. La première année, 100 000 machines trouvèrent preneur. Lors de son retrait du marché, en 1975, plus de 300 000 avaient été vendues.

Pour l'utilisateur, le HP 35 rendait accessibles, pour la première fois, les fonctions scientifiques de base qui ne s'obtenaient auparavant qu'avec les règles à calcul. La liste reprenait essentiellement l'éventail de fonctions proposées sur le HP 9100 :
  • pile opérationnelle RPN à quatre niveaux ;
  • 12 chiffres significatifs + 2 pour les puissances de 10, modes d'affichage scientifique et en virgule fixe ;
  • fonctions racine carrée, inverse, puissance ;
  • fonctions exponentielle, logarithmes (de base e et 10), trigonométriques (y compris inverses) ;
  • touche π (!) ;
  • un registre de mémoire (en sus de la pile opérationnelle).
Mais il y avait une grosse différence par rapport au HP 9100. Le HP 35 n'était pas programmable. Il reviendrait à ses successeurs de combler cette lacune.

La qualité de construction du HP 35 était au-dessus de tout reproche. Le boîtier, fermé par une dizaine de vis, était conçu pour être démontable et réparable. L'affichage était confié à des LED rouges regroupées en segments (pour économiser la précieuse mémoire) ; chaque matrice de 7 segments était équipée d'une "loupe" facilitant la lecture [4].

Les touches n'avaient pas encore la forme biseautée qui allait devenir distinctive. Mais elles faisaient déjà appel [5] à la délicate technique du double moulage : les chiffres n'étaient ni peints, ni même gravés, mais bien surmoulés (en intaille, en quelque sorte), ce qui les rendait virtuellement ineffaçables. Elles reposaient sur des contacts à ressort francs et robustes. Développés par HP, ils sont demeurés pratiquement inchangés dans les machines actuelles. L'organisation des touches, de différentes tailles et couleurs, contribuaient à la clarté et à l'ergonomie du clavier.

Du point de vue des algorithmes de calcul, le HP 35 surpassait les ordinateurs de l'époque. Il faisait appel à l'algorithme "CORDIC" pour les fonctions trigonométriques, généralisé par John S. Walther (ingénieur maison) pour les autres fonctions scientifiques. Dave Cochran, en charge de la partie algorithmique du développement, renonça à utiliser des ordinateurs (Burroughs et IBM), pas assez précis pour valider les calculs du HP 35. Il fallut recourir à de fastidieuses comparaisons avec des tables numériques.

Quelques bugs se glissèrent. Lorsque cela fut découvert, 25 000 exemplaires du HP 35 avaient déjà été vendus. En réunion, D. Packard demanda quoi faire. Quelqu'un dans l'assistance répondit : "Ne rien dire ?". D. Packard bondit : "Qui a dit cela ? Nous allons le dire à tous [nos acheteurs], et leur proposer un remplacement. Mieux vaudrait ne pas gagner un seul centime que [leur] laisser un produit défectueux".

Mais les trois quarts des acheteurs concernés préférèrent conserver leur HP 35 "bogué", et le bon de remplacement HP. Par la suite, ces HP 35 "avec le bug" devaient devenir des pièces de collection recherchées...

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Notes

[1]  LxHxP (cm) : 40,6×48,3×20,9 ; 18,1 kg !

[2]  Hormis les périphériques : imprimante, table traçante, numériseur (!), ...

[3]  inférieur à celui de bien des modèles "4 opérations" !

[4]  à condition d'être bien dans l'axe ! L'affichage deviendra nettement plus confortable sur les successeurs du HP 35.

[5]  du moins, lorsque la taille de la touche était suffisante par rapport à celle de l'inscription

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