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La course à la complexité.

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Les systèmes de cryptage trop simples avaient connu des échecs cuisants avant et pendant la première guerre mondiale. Les cryptographes avaient bien cerné les faiblesses des procédés de substitution, même polyalphabétiques. La plaie de ces systèmes consistait en les répétitions, qui ne manquaient pas de survenir dans un texte d'une certaine longueur. Leur examen révélait en fin de compte la période au bout de laquelle le codage redevenait identique. Les systèmes ``artisanaux'' avaient une période limitée à quelques dizaines de lettres, dans le meilleur cas. Mais à cette époque, il ne venait pas à l'esprit qu'on puisse coder d'une façon radicalement différente. Aussi la solution naturelle était-elle la fuite en avant vers des systèmes effectuant une substitution polyalphabétique avec une période de plus en plus grande.

Aussi l'entre-deux guerres voit-il se développer une nouvelle génération de machines à crypter essentiellement mécaniques -- même si certaines font appel à quelques contacts électriques. L'idée est de donner accès à des substitutions de périodes gigantesques, impossibles à obtenir en empilant naïvement des cylindres alphabétiques. 

cryptographe Hagelin

Des machines voient ainsi le jour, comme le cryptographe Hagelin ci-dessus (de fabrication suédoise), et la célèbre Enigma allemande. Ces appareils réalisent des chiffrages polyalphabétiques d'une période de plusieurs dizaines de millions de lettres. Cela signifie que l'alphabet désordonné par lequel est codé chaque lettre est chaque fois différent tant qu'un cycle de cette longueur ne s'est pas écoulé...

Aussi les états-majors avaient-ils toute confiance en ces systèmes, qui furent utilisés abondamment pendant la seconde guerre mondiale, y compris au front. Enigma introduisait même des raffinements supplémentaires.

Cependant, nous verrons que l'ingéniosité des cryptanalystes d'alors leur permit de venir à bout de cette nouvelle forme de codage en apparence inattaquable.