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Enigma vaincue par les "bombes"

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Grâce au "traître" H.-T. Schmidt, les Polonais connaissaient les plans et le mécanisme de la machine. Cela ne réglait pas le problème, car les Allemands l'utilisaient intelligemment. Un mot-clé de 3 lettres, choisi par l'opérateur, débutait chaque message. Il était crypté selon la clé du jour (disposition initiale des rotors), mais c'est lui qui servait à son tour de clé de cryptage pour tout le reste du message. Le bénéfice était la brièveté du mot-clé, qui n'offrait aucune prise à l'analyse des fréquences (déjà fortement contrariée par la longueur de la période). Las, "pour plus de sûreté", le mot-clé était présent à deux reprises au début du message. Cela ne donnait pas deux triplets de lettres identiques (il faut se rappeler que les rotors tournaient à chaque lettre). Un message pouvait ainsi débuter par SLK TNX.

Il revient à Marjan Rejevski d'avoir exploité cette faiblesse. Le mot-clé était crypté selon SFK puis TNX. Il en résultait les associations S → T, L → N et K → X après rotation des brouilleurs. Les jours où le nombre de messages interceptés était important (cas fréquent !) on pouvait compléter ce tableau d'associations à tout l'alphabet. Il en résultait l'identification d'un ensemble de cycles tels que S → T → C → P → S qui constituaient une sorte de "signature" de la disposition initiale des brouilleurs. En étudiant les 6x17576=105 456 dispositions possibles, le décryptage devenait réalisable. En effet, après avoir identifié le placement des rotors, il ne restait plus qu'à cerner les échanges de lettres effectués par le tableau de connexions, ce qui était "facile". Le lendemain, il fallait tout recommencer. Les 105 456 tests devaient bien sûr être mécanisés. Des répliques d'Enigma étaient construites et fonctionnaient en parallèle dans des machines appelées "bombes", peut-être à cause du bruit qu'elles produisaient.

une "bombe"

Les Allemands perfectionnèrent Enigma, le nombre de rotors passant de 3 à 5. Ils supprimèrent la redondance du mot-clé. Les services secrets polonais, dépassés en termes de budget, passèrent le relais à leurs homologues Anglais. Un groupement (très hétéroclite) de spécialistes fut constitué à Bletchley Park, sous la direction du mathématicien Alan Turing (cf. le Colossus). Il fit construire des "bombes" encore plus élaborées (photo), comportant un réseau électrique provoquant l'allumage d'une lampe lorsque la disposition correcte des rotors était atteinte. Il eut l'idée de contourner l'absence de répétition du mot-clé par la recherche de mots probables dans le texte chiffré (comme wetter, un bulletin météo étant diffusé chaque jour à peu près à la même heure) et de cillies : il arrivait que les opérateurs allemands fatigués de cherchés des mots-clés se contentent de taper 3 lettres consécutives sur le clavier... Grâce à Rejevski, Turing et quelques autres, l'apparente inviolabilité du chiffrage mécanique d'Enigma avait été mise à mal.


D'après S. Singh, Histoire des codes secrets, J.-C. Lattès 1999.